L’éclairage du sociologue haïtien Laennec Hurbon
« Le pouvoir en Haïti est souvent interprété comme ayant des assises dans la magie et la sorcellerie et même comme le résultat de rapports avec les forces invisibles du vodou.
Dès lors, il y a toute une matrice de croyances qui fait que la mobilité sociale ne dépend pas des mérites de l’individu, mais des faveurs octroyées par celui qui détient le pouvoir. Mais le vodou comme culte familial reçu en héritage ne conduit pas en soi a la corruption.
Les Haïtiens participent d’un imaginaire collectif qui pousse à la corruption par conformisme dans un pays où les dirigeants eux mêmes pratiquent la corruption et ou les institutions sont faibles d’un point vue bureaucratique.
Enfin, il y a en Haïti le mythe d’un Etat providence, qui possède des richesses inépuisables car cet Etat était le plus gros propriétaire du pays après l’indépendance. Ainsi, on pourrait donc se servir des biens publics sans craindre de conséquences néfastes, en toute impunité. »