Les guerres oubliées
Les guerres oubliées
Une situation complexe et explosive
plume > Goma

Nous sommes en août 2008. Luc Hass est chef de la sous-délégation de Goma et il s'exprime dans une situation déjà tendue. Deux mois après cette interview, Goma est attaquée par les troupes du chef tutsi Laurent Nkunda.

 
Le CICR racketté

« Le CICR a des contacts avec tous les groupes armés [ndlr : il y en a plus d’une dizaine dans le Kivu]. Ils nous acceptent tous comme interlocuteur. Mais cela ne suffit pas pour pouvoir travailler partout en sécurité. Comme il y a énormément d’armes, il y a aussi énormément de banditisme. Nous avons été victimes de cela le 22 juillet et le 22 août : une de nos équipes s’est fait attaqué sur la route, les occupants de notre voiture ont dû tout donner à un groupe d’hommes armés : argent, téléphones, téléphone satellite. A l’endroit où cela s’est produit, 11 autres voitures d’ONG ont été rackettées.»

La complexité de la situaion

« Plus il y a d’acteurs dans un conflit, plus c’est complexe pour nous. Certains acteurs contrôlent de très petites zones. Ils sont durs à joindre, il faut aller dans des villages éloignés pour les contacter. Ils occupent des zones où il n’y a pas de réseaux téléphoniques.


Et même,  voyez mon téléphone portable professionnel: j’ai tellement d’interlocuteurs que je ne peux plus en enregistrer, l’appareil se limite à 500 contacts!»

« A Goma et environs, il y  a une centaine d’organisations non gouvernementales. Cela rend la coordination entre les actions de chacun assez complexe. Et il est aussi du coup plus difficile d’expliquer le mandat du CICR et comment il se distingue de celui des autres. On s’appuie beaucoup sur la Croix-Rouge congolaise pour être compris par la population.»


La faim

« Jusqu’aux récoltes de septembre, le CICR distribue des rations, sinon, la population est tellement affamée qu’elle mange les semences de haricots distribuées pour aider les paysans de retour chez eux après la guerre à cultiver leurs champs. »

 

Les déplacés

« La situation dans le Kivu est très dure ; depuis plus de 10 ans, des villages entiers se vident lors des conflits, sont réinvestis ensuite puis de nouveau désertés, etc. A chaque exil, la situation des habitants se dégrade. Et ça continue, encore et encore.

Avec ces mouvements migratoires incessants, il nous est difficile de recenser précisément les habitants d’une région. Très concrètement, on doit faire du porte-à-porte pour connaître la situation de chacun. Ce recensement demande évidemment pas mal de moyens. »

 

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